Ma Loulou d’amour est partie pour le pays de l’envers du décor il y a aujourd’hui 40 ans. Mes amis d’ici et d’ailleurs, mes amis de toujours, continuons, quoi qu’il arrive, à reboiser l’âme humaine, carmalgré tout, je persiste à croire à l’amour et à l’amitié.
Ô ma Loulou d’amour, voilà 39 ans que tu es partie si loin. Comment te rejoindre, comment te retrouver?
Et nous voilà au 2 février 2014 … il fait froid, plus froid que froid. Ta photo rayonne dans la grande salle de notre maison, le lieu de ton départ. Comment te rejoindre? Nos amis de partout sont revenus. Il fait gris. Je t’aime plus que jamais.
« N’insulte pas le crocodile avant d’avoir traversé la rivière ».
Ce principe de précaution m’est arrivé du fin fond des Afriques avec tant d’autres trouvailles et parlures des palabreurs africains.
« Ce n’est pas parce qu’il a traîné cent ans dans de l’eau qu’un morceau de bois peut devenir crocodile »
et aussi
« L’eau ne peut pas cacher qu’elle est nue ».
Nos écrivains patentés devraient se prosterner devant ces paroles qui sont sorties du puissant alambic textuel des Afriques, ces textures sont pour moi sacrées dans leur mélange d’humour, d’amour et de philosophie. Cette philosophie qui se frotte au quotidien des hommes et des femmes et qui met en scène les animaux mythiques de la forêt et du fleuve et que des perroquets chamarrés répercutent d’arbre en arbre.
Que soient remerciés ces sages qui, à force de pratiquer la parole, ont semé des graines dans nos cerveaux occidentaux.
« Quand le blanc bégaie, l’interprète a beaucoup de travail ».
J’aimerais vivre mille ans pour explorer la sagesse textuelle de tous les peuples du monde, la faire passer dans mon gueuloir et la projeter sur les scènes de la planète afin que ne meure pas » l’Esprit « . Le grand » Esprit « , celui qui mène la danse et qui triomphera de toutes les barbaries.
Il convient de remercier aussi les arbres à paroles qui inspirent les palabreurs assemblés les soirs de verve et de plaisir quand chacun lance à la volée sa répartie et que les rires fusent, tandis que coule des calebasses le vin de palme et que les oiseaux de la forêt se font silencieux pour se laisser bercer par la voix des astres.
La Belgique tout entière vit un conte de fées, comme si ce dimanche 21 juillet 2013 était une belle promesse, l’air est doux, il fait soleil, la fête bat son plein devant le palais de l’ancien et du nouveau roi.
Tout le pays, tous les gens du pays pensent au nouveau roi et disent adieu à l’ancien et le remercient.
L’air est tendre… un petit vent frais traverse l’entièreté de notre pays, un petit vent qui fait vibrer les feuilles.
Dans une prairie près de chez moi, claque au vent un drapeau terriblement belge. On sent monter la joie partout. On festoie.
Il a tant plu qu’on ne sait plus dans quel pays il a le plus plu mais au surplus s’il eut moins plu, ça m’eut plus plu.
Paraphrasant mon ami Gilles Vigneault, je dirai que « mon pays n’est pas un pays , c’est la pluie » et en wallon ma langue d’enfance, je dirai « vla co qui rattaque à ploure » (voila qu’il recommence à pleuvoir) et j’ajouterai à la manière de Francis Carco « Il pleut, c’est merveilleux, je t’aime nous resterons à la maison, rien ne nous plaît plus que nous-mêmes en ce temps d’arrière-saison » (ce texte je l’ai mis en musique dans le disque « les poésies du monde » aux éditions Louise Hélène France.
Si je regarde dans le rétroviseur du temps, je vois des torrents de larmes en Syrie, au Kivu, je pense à la souffrance des femmes dans le monde, je pense aux patientes du docteur Mukwege .
Comment faire pour remettre en chantier la grande espérance humaine?
Je pense à Malala Yousafzai, jeune fille de 14 ans victime des talibans, je pense à ces millions d’agricultrices africaines avec leur bébé sur le dos qui travaillent à longueur de jour sous le soleil pour payer l’école de leurs enfants, je pense à ces femmes constamment humiliées et violées .
En plus positif, je pense aussi à l’exploit de Félix Baumgartner parachutiste autrichien qui est devenu le premier homme à franchir le mur du son après un saut en chute libre d’une hauteur de 39 km . Il s’est laissé tombé de la nacelle de son ballon stratosphérique gonflé à l’hélium, à 39,045 km d’altitude, il filait à 1341,9 kilomètres /heure soit 1,24 fois la vitesse du son, excusez du trop, il était comme une fusée vivante et cela s’est passé le 14 octobre 2012. La preuve que l’homme est capable de faire des actions positives et magnifiques.
J’ai reçu à la maison de la radio de Paris entre-temps le prix Charles Cros pour toute mon œuvre ….. quel beau cadeau, quelle belle reconnaissance !
J’ai l’espérance de vous revoir toutes et tous en l’an terriblement 13 et pourquoi pas à Paris au 20ème théâtre les 25 et 26 février?